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Interview pour la Russie Francophone

Pour beaucoup de jeunes francais la Russie reste, malgré la crise, un marché qui bien que complexe peut présenter nombre d’opportunités. Pour en savoir plus la Russie francophone a choisi d’interviewer Alexandre Stefanesco, le directeur de l’agence de conseils en ressources humaines et recrutement ATSAL à Moscou.

 

La Russie Francophone : Bonjour pourriez-vous vous présenter ?

Alexandre Stefanesco (AS) : Bien sûr, je suis francais et âgé de 38 ans. J’ai grandi en Afrique puis fait mes études en France à Bordeaux. Apres avoir travaillé pour la filiale francaise d’un groupe Italien (FAAC Spa) j’ai déménagé en Russie en 2008.

En juin 2012 j’ai créé ATSAL (atsal.com) qui est une agence de conseils en ressources humaines et recrutement. En janvier 2014 est née ATSAL-FAMILY (atsal-family.com) qui est spécialisée sur le recrutement et la formation de gouverneurs/gouvernantes pour les familles aisées russes principalement.

 

La Russie Francophone : Quels sont les types de profils que vous recrutez ?

(AS) : Nous travaillons dans tous les secteurs et recrutons tous types de positions mais nous spécialisons sur les postes de middle et top management ainsi que sur les profils techniques et complexes.

Nos clients sont principalement des sociétés françaises mais nous avons également des clients hors UE et notamment asiatiques. Cela signifie que nous cherchons principalement des candidats parfaitement russophones mais également anglophones et francophones.

Nous travaillons principalement sur Moscou mais recrutons aussi du personnel sur d’autres villes tel que par exemple Saint-Pétersbourg, le bassin de la Volga ou le sud du pays. Notre société est dotée d’outils informatiques nous permettant de maitriser au mieux les contraintes géographiques du pays et donc le recrutement à distance.

 

La Russie Francophone : Comment se porte le marché de l’emploi en Russie en ce mois de juin 2016 ?

(AS) : la Russie traverse une situation paradoxale. Il y a une crise économique qui dure maintenant depuis 18 mois et est principalement due à la baisse du prix des hydrocarbures mais le chômage reste bas puisqu’il tourne autour de 6% seulement en moyenne. Dans la plupart des grandes villes le chômage est bien plus faible, de 1 ou 2% à Moscou, Saint-Pétersbourg ou Krasnodar. Nombre de secteurs professionnels font face à de réelles pénuries de compétences !

La Russie reste donc un marché de candidats contrairement à la France par exemple ou le chômage reste fort.
En Russie beaucoup de sociétés se développent comme elles peuvent et pas comme elle veulent car font face à de lourdes difficultés de recrutement et de stabilité de leurs équipes.

C’est un réel problème car l’avenir proche soit les 10, 15 prochaines années n’augurent rien de bon sur le plan démographique. En effet la forte baisse des naissances que la Russie a connu entre 1995 et 2005 va se faire ressentir entre 2020 et 2035 lorsque ces tranches d’âges auront entre 25 et 30 ans et seront en âge d’entrer de façon active sur le marché du travail. La pénurie de candidats sera encore plus forte qu’aujourd’hui entrainant inévitablement une modification structurelle du marché de l’emploi russe et notamment de fortes hausses de salaires.

 

La Russie Francophone : quelle est la place pour les étrangers sur le marché de l’emploi russe ?

(AS) : la situation là aussi évolue. Au cours de la fin des années 90 et au début des années 2000 le nombre d’étrangers qui est venu travailler en Russe a explosé. C’était l’âge d’or des expatriés occidentaux principalement. A partir de 2008 soit après une décennie de forte croissance une normalisation s’est amorcée.

En 2008, l’UE a fait passer une loi interdisant aux russes de passer plus de 90 jours d’affilée sur le territoire de l’union. Moscou a instauré une mesure réciproque qui a considérablement porte atteinte à la présence étrangères en Russie puisque nombre d’étrangers travaillaient en visa affaires qui leur permettait de séjourner sur le territoire russe sans limites. L’obligation suite à cela pour les sociétés étrangères d’obtenir des permis de travail pour leurs employés étrangers s’est cumulé avec de nombreuses mesures restrictives initiées par les autorités pour protéger le marché de l’emploi local.

A cela il faut prendre en compte que le retour des russes d’étrangers vers la Russie s’est accru. On leur a même donné une appellation RH : les Repats c’est-à-dire ceux qui se rapatrient dans leur pays d’origine. On comprend bien en effet l’intérêt pour une société francaise par exemple de faire appel à un russe qui a grandi et étudié en France pour travailler en Russie : il sera câblé a la francaise, opérationnel en Russie (langue, culture, papiers…) et coutera beaucoup moins cher qu’un expat !

Enfin au cours des 25 dernières années un grand nombre d’étrangers s’est installé et sédentarisé en Russie et ils sont devenu dans le jargon RH des Ruspats, soit des francais, des américains, des marocains … embauchables en contrat local comme des russes.

Néanmoins les deux dernières années ont vu un grand nombre d’étrangers partir de Russie, les uns découragés par la chute du rouble, les autres par les complexités administratives croissantes mais aussi car de nombreuses sociétés étrangères liquident les derniers Expats en place. Il y a une grande russification en cours et il faut désormais parler russe pour travailler en Russie ce qui n’était pas le cas au début des années 2000.

Malgré tout, a cœur vaillant rien d’impossible et il y a de nombreuses opportunités à saisir en Russie, surtout à Moscou aujourd’hui mais sans aucun doute en province demain.

La Russie Francophone : comment avez-vous ressenti les sanctions en tant que chef d’entreprise francais en Russie ?

(AS) : Hormis le drame qu’a été pour tous les francais l’arrêt des importations de fromage francais en Russie, ces sanctions sont vécues par la communauté francaise, et surtout la communauté d’affaire francaise en Russie, comme un réel coup de poignard dans le dos de la part des autorités françaises.

Il était évident qu’en prenant des sanctions contre la Russie nous allions nous exposer à des contre sanctions. Et clairement ces contre-sanctions font plutôt du bien à l’économie russe car couplées à un prix du pétrole bas, elles contraignent en quelque sorte l’économie russe à s’adapter et donc à muter dans le bon sens du terme. Elles vont donc contribuer à supprimer définitivement des parts de marché qui étaient occupées avant les sanctions par des sociétés étrangères, notamment françaises. Les autorités russes ont su se servir habilement de cette situation pour faire passer les mesures adéquates mais on peut se demander quelle est la logique francaise a finalement porter tort à ses entreprises à l’export dans un pays ou les parts de marché sont de plus relativement complexes à obtenir.

La Russie Francophone : quels conseils donneriez-vous aux francais qui souhaitent travailler en Russie ?

(AS) : tout d’abord d’apprendre le russe !

Ensuite de se préparer à une expérience vraiment incroyable, pas facile mais extrêmement enrichissante. La Russie reste un pays fascinant ou beaucoup reste à faire et ou tout reste encore possible.

C’est un pays qui reste à la fois européen et à la fois autre chose. La Russie reste une vraie expérience.

Les francais qui souhaitent en savoir plus peuvent en outre nous contacter pour que nous les conseillions car nous avons une vaste palette de services justement à destination des candidats qui souhaitent s’installer et travailler en Russie!

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