Interview pour TV5 monde – Sanctions économiques : pourquoi ces Français et ces Belges comptent bien rester en Russie
9 mars 2022
Même son de cloche pour Alexandre Stefanesco. Le père de famille de 44 ans vit depuis 14 ans en Russie et réside depuis plusieurs années à Moscou. Lui dispose de la double nationalité franco-russe. Il ne compte pas plus partir qu’Heywood et ne craint pas de rester dans le pays comme Français.
« Traditionnellement, la France a une bonne image et les Français sont bien vus et appréciés. Mais le ressenti du peuple russe contre l’Occident au sens large, ce qui pour eux inclus l’Amérique, l’Europe, etc. va effectivement être croissant. Il l’est de toute façon depuis 2008 et 2014 », explique le directeur d’un cabinet de recrutement spécialisé dans l’accompagnement des entreprises ouest-européennes et notamment françaises.
« Il y a un contre effet des sanctions qui n’arrive pas à être intégré par les politiques français et européens. Les sanctions font mal au business français. Elles ne portent pas atteinte à la popularité du pouvoir politique en place », affirme ce dernier.
Jeudi matin, le Quai d’Orsay s’adressait aux expatriés en Russie. «Il est fortement recommandé aux ressortissants français, dont la présence et celle de leur famille n’est pas essentielle en Russie, de prendre leurs dispositions pour quitter le pays par les liaisons encore existantes».
La communication est trop floue pour le co-animateur du comité PME/PMI à la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe à Moscou.
« Le Ministère des Affaires étrangères français recommande le départ, certaines entreprises le proposent à leurs salariés mais globalement, savoir ce qu’est une présence essentielle est assez confus pour tous les Français de Russie. Ce n’est pas clair. Des sondages que nous avons pu faire sur des groupes Telegram de Français de Russie, et de la Chambre du commerce, 65 à 70% des interrogés souhaitent rester et restent actuellement dans le pays », explique Alexandre Stefanesco.
Ce père de deux enfants est même optimiste pour la suite : « Je sais que c’est dur à entendre, mais je pense qu’il faut déjà préparer l’après-guerre. Les sanctions auront un impact, mais j’imagine que derrière il y aura un rebond ».
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